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Empreinte écologique et alimentation : la notion de ’Food miles’ ou de kilomètres alimentaires

jeudi 3 novembre 2005, par DlyNouille

Un kilomètre alimentaire représente la distance que parcourt la nourriture entre l’endroit d’où elle provient et votre assiette ou votre verre.

"Au Canada, l’ingrédient moyen parcourt environ 2 000 kilomètres avant d’atteindre votre assiette ou votre réfrigérateur. Ce transport requiert une énorme quantité de combustible fossile et produit une grande quantité de dioxyde de carbone.

On estime que les Canadiens, en consommant de la nourriture cultivée localement, économiserait 40 kilogrammes de production de gaz à effet de serre par année."


Cette notion de kilomètre alimentaire nous vient du monde anglo-saxon (terme original : "Food miles"). Elle est encore très peu développée en France. En Angleterre, elle est officiellement utilisée comme indicateur. En attendant, voici quelques liens qui vous permettront d’explorer ce qui a trait au "kilomètre alimentaire"

Pour approfondir le sujet,

- Animation flash sur The Guardian
- Publications diverses sur Sustain Web
- Food Miles : Indicateur statistique, DEFRA, Angleterre

Articles liées

- Article de Ariane Krol sur Les kilomètres alimentaires du 11 Mars 2004 sur cyberpresse
- "Why We Pay Too Little for Well Travelled Food"- CNN : "Eating with food miles in mind"
- Independent, UK : "Shoppers who go the extra mile for food under fire" (traduction-ci dessous, par Courrier International).
- What’s all the fuss about...Food Miles ? What are they ? And why are they bringing about the end of the world ?


Ceci pose la question du casse tête du "kilomètre alimentaire", question qui a été posé par un journaliste anglais. Merci au bloggueur qui a retransmis l’article sur son site. Ci-joint article :


Alimentation. Est-il plus satisfaisant, d’un point de vue écologique, d’acheter des haricots verts bio venant d’Afrique à bord d’un avion émettant du CO2 plutôt que des produits locaux bourrés de pesticides’ ?

Article

Le samedi est le jour où les personnes qui achètent des produits biologiques ou éthiques risquent de causer le plus de tort à la planète. Ce jour-là, l’affluence est à son comble dans les supermarchés, et partout dans le pays des clients sont confrontés à ce que l’on appelle le dilemme des kilomètres alimentaires. Doivent-ils choisir ce paquet de haricots verts bio venus d’Afrique dans un avion émettant du CO2 ou préférer des haricots britanniques sûrement bourrés de pesticides et pas bio du tout’ ?

La MSC, une association caritative de protection de la faune marine qui publie la liste des poissons à ne pas mettre dans son panier si l’on veut faire quelque chose contre la surpêche dans les eaux britanniques, a aggravé les choses au début du mois de février en approuvant l’achat de cabillaud du Pacifique et de merlu d’Afrique du Sud, deux poissons qui cumulent chacun une bonne quantité de kilomètres alimentaires.

Depuis, la MSC et la Soil Association, une organisation à laquelle le gouvernement fait appel pour délivrer l’appellation « bio », ont décidé de prendre en compte les kilomètres alimentaires dans leurs recommandations aux consommateurs. Certaines des conséquences pourraient être des changements dans l’étiquetage ou la suppression de produits figurants sur leurs listes. Le dilemme des kilomètres alimentaires est d’autant plus d’actualité que le gouvernement s’est lui-même donné pour objectif de réduire toutes les importations de produits alimentaires de 30 % d’ici à 2010. Il faut savoir que l’analyse d’un panier contenant 26 articles bio a montré qu’ils avaient à eux tous fait six fois le tour de la Terre au niveau de l’ÿquateur.

Il existe un autre dilemme, auquel sont confrontés ceux qui d’un côté désirent soutenir les agriculteurs locaux et de l’autre éprouvent un sentiment de responsabilité envers les paysans du monde en voie de développement. Doit-on acheter les haricots verts du Kenya vendus au supermarché’ ? Les haricots du Kenya ont peut-être engrangé des milliers de kilomètres alimentaires nocifs pour l’environnement, mais boycotter les produits provenants de cette partie du monde reviendrait à crever l’une des bouées de sauvetage économique de l’Afrique.

Il est important, pour commencer, de reconnaître que le coût d’un transport de nourriture en avion sur des distances énormes est en grande partie un coût caché. Pour chaque calorie de carotte venue d’Afrique du Sud en Europe par avion, il faut brûler 66 calories de carburant. Si les légumes importés restent malgré tout souvent moins chers que les produits locaux, c’est parce que le carburant n’est pas taxé. Cela se traduit peut-être par un avantage immédiat pour le consommateur, mais les émissions de CO2 lors de chaque vol sont catastrophiques pour notre environnement. Ce n’est pas une pratique viable d’un point de vue écologique.

La seconde chose à ne pas oublier est que le fonctionnement des détaillants de denrées alimentaires ’ en particulier les grands supermarchés ’ est truffé d’aberrations. Les produits fournis par les paysans locaux à un prix aussi avantageux que les produits importés sont souvent délaissés. C’est ainsi qu’en Grande-Bretagne on trouve des framboises américaines dans les rayons alors que la saison des framboises bat son plein. La solution n’est pas, contrairement ce qu’affirment certains, d’obliger les supermarchés à ne vendre que des produits locaux. La déréglementation du marché à énormément bénéficié au consommateur. Nous avons accès aujourd’hui à une variété de produits qui aurait semblé incroyable il y a cinquante ans [mais à une uniformisation des variétés commercialisées], et nous devons en être fiers. On ne peut pas non plus interdire l’importation de denrées venues des pays pauvres et lointains d’Afrique. Ce qu’il faut faire, en réalité, c’est supprimer la politique agricole commune et établir un système d’échanges équitables avec ces pays.

Nous devons demander aux supermarchés, aux magasins et même aux restaurants de nous donner beaucoup plus d’informations sur l’origine des aliments qu’ils nous vendent. Les consommateurs pourront alors décider de ce qu’il est éthique d’acheter. Le boom de la demande de produits bio au cours des dernières années montre que le public se préoccupe de l’impact que la production de nos aliments a sur l’environnement. La prochaine étape logique pour le consommateur éthique est de se demander ce qui se passe exactement pour amener sa nourriture « du champ à l’assiette ».

Terry Kirby, The Independent (Londres)