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RSE : l’exemple de Cellatex, développement non durable

Quand un patron abandonne ses employés...

mardi 29 novembre 2005, par DlyNouille

Par hasard, l’autre soir (26/11/05), je tombe sur le film évènement de France 3 "Jusqu’au Bout", un film très intéressant, basé sur une histoire vraie, qui pose le problème de la responsabilité des entreprises mais aussi celles des collectivités et de l’Etat. Un film à voir, avec la participation des ex-salariés de l’entreprise Cellatex.

De ce film, on retient le jeu des acteurs dans le conflit, la violence face à l’Etat (apparemment cela ne touche pas que les jeunes), le rôle des syndicats et du médiateur, plus globalement le problème des personnes qui sont licensiés autour/après 50 ans (exemple de Moulinex)...
En connexion avec le film "The Take", dommage qu’il n’y ait personne pour récupérer l’entreprise voir que la structure évolue vers un modèle de "coopérative".


Description du film

Jusqu’au bout

Cette fiction s’inspire très librement du conflit des Cellatex survenu en juillet 2000. Cet été-là, une usine de textile classée "site Seveso" (56 000 litres d’acide sulfurique et 46 tonnes de sulfure de carbone y étaient entreposés) est mise en liquidation judiciaire après la disparition de ses repreneurs autrichiens. Les 153 salariés se barricadent aussitôt dans l’usine qu’ils menacent de faire sauter.

Origine : Fra-
Réalisation : Maurice Failevic.

Scénario : Maurice Failevic.
Distribution : Bernard-Pierre Donnadieu (Vincent Guérin), Rachid Bouali (Khader Abdelli), Jean-Paul Dubois (Roger Depierre), Robert Lucibello (Dino)

Musique : Michel Portal.

Après la fuite de son patron, qui demeure désormais introuvable, une entreprise où sont entreposés des tonnes de produits hautement dangereux est placée en liquidation judiciaire. Du côté des salariés, le désespoir et la colère succèdent à l’incompréhension. Aussi décident-ils de se barricader dans l’usine menaçant de tout faire exploser s’ils ne bénéficient pas d’un plan social. Pour les pouvoirs publics, qui mesurent difficilement la profondeur du désespoir des employés de la fabrique, l’affaire est délicate. La situation se durcit. Seuls les délégués syndicaux ont encore les moyens de faire disparaître les tensions et de trouver un accord satisfaisant. C’est une véritable course de vitesse qui s’engage alors pour éviter le drame.


Pour plus d’informations,
Articles sur le films
Le vrai médiateur s’appelle Christian Larose et a écrit un livre sur le sujet : "Cellatex, quand l’acide a coulé".

- "La fiction rejoint la réalité", Le Monde diplomatique
- Communiqué et entretien avec Bernard-Pierre Donadieu dans Le Grand Soir
- Fiche FIPA sur le film "Jusqu’au Bout"
- Article dans l’Humanité, Chimotex ou l’histoire filmée des Cellatex (25/11/05)
- Article dans l’Humanité, La bataille des désespérés (27/11/05).


Article du Figaro (26/11/05) :

Les resistants de l’usine Cellatex

Nathalie Simon
[26 novembre 2005]

LE MONDE OUVRIER commence à gagner ses lettres de noblesse à la télévision. Parallèlement à France 2 qui proposera en 2006 Le Cri, une série en quatre volets sur une famille de métallurgistes de Lorraine vue par Hervé Baslé, France 3 diffuse ce soir Jusqu’au bout, une fiction de Maurice Failevic inspirée par une affaire réelle : la grève des ouvriers de l’usine de textile Cellatex à Givet, dans les Ardennes, en juillet 2000.
Après avoir appris sa mise en liquidation judiciaire, livrés à eux-mêmes, les 153 employés menacent de faire sauter l’usine avec des produits dangereux et de déverser de l’acide sulfurique dans la rivière voisine. « Jusqu’au bout, boum, boum ! », scandent-ils, pour bloquer la décision de fermeture. Ce coup de force qui avait fait les gros titres de la presse à l’époque a marqué l’opinion. Et tous les protagonistes qui y ont participé.

Maurice Failevic leur rend un vibrant hommage à travers ce document de 90 minutes qui a reçu un Fipa d’argent à Biarritz*. De son côté, Bernard-Pierre Don nadieu a, lui, été récompensé par un Fipa d’or pour son rôle de médiateur dans l’affaire, récompense qu’il a offerte aux salariés de Cellatex. Le comédien, ouvrier dans une usine d’embouteillage pour financer ses études, est particulièrement sensible au sujet.

« Lorsque le producteur Jean Bigot m’a donné le livre, Quand l’acide a coulé (Édition Syllepse), de Christian Larose qui était un responsable syndical, je l’ai lu d’une traite comme un polar », se souvient Maurice Failevic. A la fois ému et inspiré, il décide alors de signer une chronique sociale dont l’issue est connue, mais qui est pourtant riche en suspense. D’emblée, France 3 et Arte ont soutenu le projet.

Des licenciés comme acteurs

« Avant d’écrire le scénario, je suis allé à Givet rencontrer les anciens salariés de Cellatex, précise le réalisateur. L’avantage, c’est que l’usine était restée quasiment en l’état et donc le décor existait. » Les « acteurs » étaient également sur place : Maurice Failevic a engagé des licenciés de Cellatex, ce qui contribue au réalisme d’une histoire « forte dramatiquement ».

« Je voulais recréer le collectif, je leur ai expliqué que nous tournions une fiction et non un documentaire. Ma seule crainte, c’était qu’ils viennent me dire : « Cela ne s’est pas exactement passé ainsi. » Mais il y a eu une osmose naturelle entre les comédiens et les salariés. Quand j’ai projeté le document amateur que l’un des employés avait tourné sur l’inondation de l’usine à l’époque, plusieurs ont pleuré. »

Dans le film, comme dans la réalité, les ouvriers « jetés à la rue, sans aucun recours » mettent leurs espoirs dans les négociations menées par le leader syndical, campé avec brio par Bernard-Pierre Donnadieu. Motivé comme jamais, défendant, à son habitude, une « télévision intelligente », l’acteur est entouré d’autres talents comme Rachid Bouali, un conteur recruté par Maurice Failevic à l’ANPE de Lille, Jean-Paul Dubois, Robert Lucibello, Xavier Memeteau, Karim Belkhadra ou encore Juliette Failevic, la propre fille du réalisateur.

« Le téléfilm ne respecte pas les événements dans le détail - par exemple, je n’ai pas montré l’évacuation du quartier qui a réellement eu lieu - mais il est fidèle au fond, souligne Maurice Failevic. Personne ne m’a accusé de trahison. Les anciens salariés ont été très touchés. Quelques-uns m’ont confié que la fiction leur avait servi de thérapie. Revivre le conflit a créé une distance par rapport aux événements. »

Sur les 153 salariés de Cellatex, 79 n’ont toujours pas retrouvé un emploi. « Sans compter ceux qui sont morts à cause de la fermeture de l’usine, ceux qui ont sombré dans la dépression et l’alcoolisme », conclut le metteur en scène, non sans tristesse.

n * Festival de Biarritz.